DRIFT #2
En 2021/2022 j'ai eu le plaisir participer à DRIFT#2, un projet d'éducation artistique et culturelle impliquant des artistes, trois lycées agricoles et les trois FRAC de Nouvelle-Aquitaine. DRIFT met l'élève, l'artiste, et l’œuvre au centre du dispositif de commissariat. Il s'agit de construire une rencontre entre ces acteurs, pour ensuite développer des capacités de compréhension de démarches artistiques et des choix critiques pour réaliser une exposition. Ce projet engage un compagnonnage entre une classe d’un lycée agricole et un Frac (ses équipes et son fonds), avec un.e commissaire d'exposition associé.e qui accompagne la classe dans son appropriation des collections. Il consiste en un travail de création et de curation participatif avec les élèves de Terminale STAV (Sciences et Technologies de l'Agronomie et du Vivant) Aménagement du lycée agricole des Vaseix à Limoges.
Ce projet prenant place durant la période du covid, je proposa aux élèves de réfléchir à la notion d'exposition. Il fût ainsi question d'expérimenter de nouvelles modalités d'exposition en mettant en action les oeuvres de la collection du FRAC.
DRIFT est un projet d'éducation Artistique et Culturelle mené par le pôle médiation du FRAC-Artothèque de Nouvelle Aquitaine. Il a pour but de sensibiliser à l'Art contemporain des lycéens issus de cursus agricoles. Cette exposition se tient à l'issu du projet où les élèves de terminale STAV en 2021 ont pu, durant deux années, rencontrer des œuvres, des espaces et des professionnels du monde de l'Art. La première année fut ainsi consacrée à la visite de plusieurs lieux et acteurs artistiques locaux où les jeunes adultes ont pu approcher et expérimenter la pratique du commissariat d'exposition. Cette première approche déboucha sur une après-midi où j'accueilli la classe dans mon atelier afin de présenter mon travail. Lors de cette rencontre, j'invita les lycéens à manipuler mes propres créations.
Cette expérience posa les fondements du projet. Il sera question d'exposer autrement, de réinventer notre rapport à l'art, à l'objet sacralisé de l'oeuvre.
La mise en espace dans un lieu dédié fût évacuée au profit de la relation que l'on peut tisser avec une œuvre ainsi que son encrage dans le quotidien, ici celui des lycéens. Ma pratique artistique évoquant d'ores et déjà ces questionnements, le contexte actuel de la pandémie m'amena à intensifier ce parti pris de faire sortir les œuvres d'arts du musée. Les espaces d'expositions étant fermés, comment vivre l'art autrement ? L'idée était d'inviter les élèves à s'approprier les œuvres des collections publiques du Frac-Artothèque
en leurs permettant de les manipuler, de les performer ou de les mettre en scène dans l'enceinte de leur lycée. Ainsi les Vaseix constitua un territoire où s'inventaient des situations inhabituelles d’expositions.
Les lycéens ont travaillé en groupe sur quatre projets d'appropriation et de relecture. Le Grand dessin de porte de Patrice Alexandre, une fois touché, nous téléporte aux quatre coins du lycée. La sculpture réalisée en mètre rubans de Michael Kienzer suscite un désir de transgression chez les garçons qui se l'approprient dans une partie de foot. Enfin Les grands travaux de Miguel Egana permet d'illustrer le poids du travail qui pèse sur les
lycéens. L'oeuvre Two stones de Rolf Julius se métamorphose en sound system pour fourmis.
Quelles perceptions, quels sentiments les oeuvres d'arts et leurs statuts évoquent aux adolescents d'aujourd'hui
? Travailler avec des personnes dites « éloignées » du monde de l'art permet de remettre en question les codes de celui-ci. Drift c'est un détournement, un dérapage, une dérive. Ce dispositif cultive le caractère irrévérencieux des nouvelles générations qui cherchent a détricoter les normes misent en place. Selon moi, l'oeuvre se dissout dans son processus de muséification. Ainsi cette expérience collective cherche à mettre en évidence ce caractère fugace, ce sentiment où l'art se vit plus dans l'instant que dans la durée.
Dans la pratique, il faut rendre compte du projet et de ces expériences éphémères afin d'en assurer la portée. A partir des idées proposées par les élèves, tout un travail de planification a été accompli afin de conserver et rendre perceptible les traces de ces expériences vécues. C'est ainsi que paradoxalement, une exposition finale de restitution se tient ici dans l'enceinte de l’Irrésistible Fraternité. Les élèves ont pu ainsi s'essayer à être à la fois curateurs en même temps créateurs. A travers photographies, vidéos, maquettes et œuvres, il se tisse un parcours où se confond Art et quotidien dans ce couloir d'exposition rappelant celui du lycée.
Avec les œuvres des collections du Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine de Patrice ALEXANDRE, Miguel EGAÑA, Rolf JULIUS et Michael KIENZER, et les réalisations des élèves Matéo COMBEAU, Audrey FEYTE, Nicolas JAMMET, Achille LE BRAS, Amandine LEPETIT, Rose MILLIEX, Manon NICOULEAU, Simon PICARD et Hélène PUYMERAIL.
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