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Ensemble de ruches en terre de brique locale, châtaignier, porcelaine et verre

Projet réalisé dans le cadre d’une recherche collective avec le Réseau Réfractaires soutenue par le réseau Astre, le musée Adrien Dubouché ainsi que la ville de Limoges.

Présentés pour l’exposition « ruche & céramique : un habitat pour l’abeille »

Octobre 2022 - Crypte Noriac, Limoges.

Mon implication dans ce projet réside dans la rencontre de nos disciplines avec Christian Vigneron (Président de l’association l’Arbre et l’Abeille). Descendants de la même famille de tuiliers située à Javerdat, nous avons partagé nos connaissances respectives. Nos échanges débouchèrent sur son invitation à créer une ruche en terre cuite destinée à la collection pédagogique de son musée situé sur l’île de Chaillac à St Junien. De là, cette idée me semblait être un bon prétexte pour proposer une recherche collective, entre art, artisanat et design, où les questionnements scientifiques liés à l’environnement sont appelés dans la réflexion de la forme. Etant en pleine constitution du Réseau des indépendants des Arts du Feu, c’est ainsi que je proposa l’idée aux membres créateurs. Ce projet me semblait être une bonne première afin de démontrer les recherches transdisciplinaires dont l’association se veut être porteuse.

Le projet débuta en 2020 et se poursuivit pendant 3 années durant lesquelles une réflexion collective fût menée. Des rencontres entre professionnels du monde de l'apiculture, scientifiques et artistes amenèrent à la constitution d'une charte de création comprenant les nécessités à l'élaboration d'une ruche.

Au cours de notre réflexion nous avons axé ce projet d'un point vue bidoiversité. A l'heure du déréglement climatique entrainé par une exploitation abusive des matières et du vivant, la responsabilité de porter un projet écologique nous est apparut évident. L'abeille est un des principaux insectes pollinisateurs et sa disparition, notamment des espèces sauvages et endémiques, est un facteur du déclin environnemental. Ainsi les projets de ruches furent imaginés à l'aune d'une volonté d'offrir un habitat pour l'abeille répondant à ses besoins actuels, et/ou pouvant répondre à d'une apiculture raisonnée.

Pour ce projet de ruche, je me suis inspirée à la fois des constructions en céramiques déjà existantes ainsi que des habitats naturels de l’abeille dans le but de m’adapter aux besoins de celle-ci. Je me suis intéressée à l’association des matériaux et de leurs qualités de manière à optimiser l’efficacité en même temps que l’esthétique.
Pour la conception, je me suis basée sur une forme simple ovoïde afin qu’elle soit au plus proche de l’essaim qu’elle accueillera. A contrario des ruches cubiques récoltantes, cette forme ne laisse que peu d’espaces vides où le froid et les parasites pourraient s’installer. Elle permet ainsi une régulation de chaleur simplifiée pour les abeilles qui, par conséquent, se fatigueront moins à la tâche.
La forme d’ « œuf » tout d’abord envisagée s’est simplifiée en une sphère, forme récurrente que l’on retrouve dans mon travail. L’aspect brut du matériau de cette forme estampée peut faire penser à un corps astral.
Divisée en demi sphère, la partie supérieure servant de couvercle fait office de hausse qui octroie (si la production est suffisante) la récolte d’un peu de miel et cela sans détruire l’essaim.
Dans la partie inférieure, des ouvertures font guise d’entrée et d’évacuation. Un renfort est pensé à l’intérieur afin de disposer un croisillon en tige de châtaignier (essence d’arbre la plus efficace contre le varroa). Ces tiges permettrons aux abeilles de créer des tuteurs afin d’effectuer aisément leurs premières constructions de cire.
La ruche étant constituée en terre de brique locale, celle-ci permet une thermorégulartité tout en apportant de la robustesse. La ruche respire en même temps qu’elle protège. La terre est issue des anciennes carrières de Javerdat, là où jadis nos ancêtres à Christian et moi puisaient l’argile afin de confectionner les tuiles. L’histoire veut qu’aujourd’hui sur ces mêmes terres, appartenant désormais à Christian, il y est des ruches d’ors et déjà installées. Je souhaite ainsi que l’une de mes créations prenne donc place dans ce lieu.
  Le matériau céramique pourrait être associé à d’autres afin d’optimiser le confort de l’abeille. Ainsi je souhaiterai poursuivre la recherche en réalisant des demi sphères en porcelaine poreuses ou avec des polymères organiques. Pour exemple le couvercle pourrait être en verre afin que l’on puisse observer les constructions de cire des abeilles. De cette manière la ruche aurait également une destination éducative. Le verre à miroir teinté, le verre rouge (couleur que les abeilles ne perçoivent pas dans leurs spectres colorimétriques) ou encore le verre uranium pourrait conserver l’obscurité à l’intérieur de la ruche tout en permettant l’observation de l’extérieur. Également, le verre à double parois pourrait être intéressant dans sa qualité d’isolation. (Ces recherches sont confiées à Antoine Mexmain, souffleur de verre professionnel, et feront l’objet d’un workshop avec les étudiants du CAP Arts du verre et du cristal au Lycée Jean Monnet de Moulins).
Le support de la ruche est pensé en châtaignier, arbre local réputé pour être imputrescible (la structure ici présentée est née d’une collaboration avec Alain Dupasquier, menuisier ébéniste). Aussi la ruche serait idéalement suspendue. La sphère serait enserrée d’une ceinture en vannerie qui s’accrocherait ensuite à la cloche protectrice. Celle-ci est en porcelaine et assure ainsi une isolation aux intempéries. Ces formes de woks retournés sont une récupération de création effectuée lors d’une résidence en Chine. Elle s’adapte ainsi parfaitement au format de la sphère. Enfin, j’ai entamée une réflexion sur les déchets du châtaignier, de la sciure aux bogues en passant par l’écorce du fruit qui pourraient porter un intérêt à l’isolation de la ruche en même temps qu’à son esthétique.
Cette forme de sphère-ruche se décline en plusieurs formats, afin de proposer des abris aux multiples insectes pollinisateurs dans le besoin. Installées dans un même espace, cet ensemble donne à voir une sorte de système planétaire.


Antoine Mexmain, créateur et souffleur verrier

Après avoir obtenu son diplôme de créateur verrier au Cerfav, il a travaillé dans l’atelier de Pascale Seil au Luxembourg. Il a ensuite tenu un atelier de soufflage à Vannes le Châtel puis a travaillé pour les designers et artistes (Ini Archibong, JM Othoniel, Philippe Pareno) chez Matteo Gonet à Bâle. Il est aujourd’hui de retour au CAP Arts du verre et du cristal au Lycée Jean Monnet de Moulins en tant que professeur.

 


Alain Dupasquier, créateur d’espace de bien-être en châtaignier.
https://www.creationchataignier.com

«Après avoir goûté à la mécanique industrielle, caressé les arts décoratifs et sillonné le pays Limousin en tant que journaliste reporter, j’ai eu l’envie de mettre mes compétences et mes désirs en cohérence avec le savoir-faire de la région: le travail des feuillardiers. Je travaille donc avec ces passionnés du châtaignier, un bois aux caractéristiques écologiques et économiques évidentes,une culture unique qui allie créativité et développement durable.»

 

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